Les Porteurs

Gaëlle a choisi d’être femme, Flo hésite encore. Matt, lui, sait que dans trois mois, il deviendra un homme. Dans cette société, tous les enfants naissent hermaphrodites. A seize ans, les adolescents doivent choisir leur sexe. Tous, sauf ceux atteints d’une déficience qui les condamne à un autre destin. On les appelle les Porteurs. Matt découvre qu’il est l’un de ceux-là. Mais que cache vraiment la déficience des Porteurs ? Pourquoi l’Etat les tient-ils sous haute surveillance ? Une formidable histoire de manipulation, de secret d’Etat, et bien entendu d’amour.

Livres :

Tome 1 Matt

Tome 2 Gaelle

Tome 3 Lou

J’ai découvert cette trilogie grâce à bookstagram et elle me tentait beaucoup. Cependant, je n’étais pas prête à l’acheter, je ne sais pas trop pourquoi, mais quand j’ai croisé les deux premiers tomes à la bibliothèque universitaire, j’ai sauté sur l’occasion. Je ne l’ai pas regretté, la dystopie est très bien construite, elle est entrainante et les personnages sont attachants. Il ne me restait plus qu’à attendre le dernier tome, qui est arrivé peu après.

Cette trilogie soulève de très intéressantes questions sur le sexe, ce que c’est que se sentir homme, femme, ou ni l’un ni l’autre, sur le choix, l’avenir et le passé, le retour aux pratiques plus natureles. A travers l’histoire de Matt, l’auteure se lance dans un questionnement qu’elle laisse volontairement en suspend pour ouvrir à un débat ses lecteurs, ce que j’ai beaucoup apprécié. Et en même temps j’ai trouvé que chacune des intrigues, des questions, étaient trop peu poussées.

On suit Matt dans son monde futuriste où tous les enfants naissent hermaphrodites et choisissent, à seize ans, leur sexe. Cela semble plutôt cool dit comme ça, de pouvoir choisir quand on se sent prêt, quand on sort de l’enfance, que l’on quitte ce passage où l’on n’est ni vraiment l’un ni vraiment l’autre malgré les dires des adultes. Et pourtant, dès le début, un problème se pose : celui de ne pas avoir d’autre option que le binaire.

Flo est un personnage très attachant, qui ne trouve pas sa place dans le monde du fait de ce choix obligatoire et dont on espère évidemment que tout ce finira bien pour lui.

Et pourtant, à l’opposé, on découvre assez vite le secret de ce monde et l’intrigue qui tourne autour de Matt est un retour vers le manque de choix : la naissance qui détermine le sexe. Cependant, cette opposition n’était pas suffisamment utilisée, développée, à mon goût. Il aurait pu en être fait tellement plus, avec d’abord plus de chapitres pour Flo.

On suit également l’opposition entre la thèse naturaliste, qui prône un retour à la nature avec des accouchements naturels  par exemple contre la césarienne pour les pro-médecine ou le retour au plante contre les médicaments. Le choix contre le non-choix.

C’est la base de cette trilogie et elle permet de lancer des questionnements, peut-être même des débats si les lecteurs n’ont pas le même point de vu. Ce doit être intéressant de l’étudier au collège où au lycée.

Au niveau du style, c’est un roman qui se lit facilement, il est fluide, mais on ne ressent pas assez de choses, trop neutres. L’auteure manque peut-être encore de pratique pour mettre son âme dans son écriture.

Il y a deux types de chapitres. D’abord celui du personnage principale du tome : Matt pour le premier tome, Gaelle pour le second et enfin Lou pour le dernier. Ces chapitres sont en narration interne à la première personne, ce qui permet de s’attacher d’autant plus aux personnages, de mieux les comprendre. Et les chapitres à la troisième personne qui nous permettent de suivre Flo, mais aussi d’autres personnages qui n’apparaissent que trop peu. Ce sont peut-être même ces chapitres que j’ai préféré, puisqu’ils servaient principalement à l’intrigue de Flo.

Ce qui m’a surpris, ce fut le retour en arrière du deuxième tome. On y découvre le point de vu de Gaelle, et l’auteure reprend l’histoire de Matt mais côté Gaelle, ce qui fait complétement redécouvrir l’histoire. Et évidemment, le récit ne s’arrête pas là, il continu et va plus loin que le premier livre. Le troisième enfin reprend au moment où s’arrête le précédent mais nous lance sur un personnage que je considérais comme un monstre, donc cela me faisait un peu peur l’arrivée de son point de vue. Pas de quoi s’inquiéter de ce côté-là, j’en ai même été un peu déçu, mais les personnages de cette trilogie sont un peu trop gentillets pour moi. A part ça, ils sont sympa, mais le tout fait un peu trop jeunesse pour moi. L’autre point, c’est qu’après le premier tome, on ne retrouve plus le point de vu de Matt et j’ai trouvé ça dommage, des fois on le retrouve dans un chapitre à la troisième personne, mais pas suffisamment à mon goût. Au final, on le voyait surtout à distance et j’ai eu du mal à le comprendre au fur et à mesure des livres.

Dans l’ensemble, ce fut une lecture intéressante, lue très vite, dévorée même, avec des personnages attachants pour Matt et Gaelle et Flo, et des questionnements passionnants qui pourraient, devraient, être plus développés dans notre monde actuel.