Encore adolescent, Wyl Thirsk doit assumer le rôle pour lequel on le destinait depuis sa naissance : commandant en chef des armées de Morgravia ! Une responsabilité qui le conduit à la cour du prince Celimus, un despote sadique. Là, un geste de bonté envers une sorcière condamnée au bûcher vaudra à Wyl un don miraculeux, ainsi que la colère de son seigneur et maître.
Contraint de lui obéir, Wyl est envoyé au nord où la guerre menace, pour une mission suicidaire à la cour ennemie… avec pour seule arme un mystérieux pouvoir dont il ne soupçonne pas même l’existence. Or, s’il n’embrasse pas le Dernier Souffle, il signera sa perte… et celle du pays qu’il a juré de défendre.

Ce roman m’a été conseillé et prêté par un pote, donc j’avais envie d’aimer ce roman, mais le terminer fut une torture, c’est une de mes plus grosses déceptions de ma vie.
Je n’avais jamais lu un livre aussi sexiste que celui-ci, il a réussi l’exploit de combiner tous les clichés sexistes en un livre, c’est fort. Écrit par une femme en 2003 en plus, c’est dire à quel point le patriarcat est intériorisé… ça fait peur.
Les joies du sexisme
On suit Wyl, un gamin orphelin, à partir du moment où son père meurt, il est alors recueilli par le roi et élevé avec sa sœur au palais, où il fait la rencontre de ce très cher Celimus, le fils du roi, l’héritier du royaume, et le bad boy en puissance du roman. Wyl va devoir traîner avec Celimus, et ils vont assister à la torture d’une sorcière présumée. Évidemment, notre héros va devenir le grand sauveur des femmes, il aide la prisonnière et va recevoir un don que l’on ne découvrira qu’au milieu du roman, après l’avoir bien oublié.
La femme ne sert, dans le livre, qu’à être une demoiselle en détresse, comme la sorcière, la sœur de Wyl et l’héritière du royaume voisin. Sinon, les femmes sont belles, raffinées, bien habillées, elles passent du temps à parfaire leur toilette, et elles doivent bien sûr être protégées. Merci l’image de la femme ! Ah oui ! et si la femme ne rentre pas dans ces critères, elle est diabolisée, comme la mère de Celimus.
Il y a certes la future reine du royaume voisin, une héritière dans un monde d’homme, ce livre pourrait-il être féministe ? Non, le pays reste évidemment patriarcal, et surtout la demoiselle se fait dicter sa conduite tout du long par un homme. Insupportable !
Le personnage principal et le narrateur vont également lancer régulièrement des piques à la gent féminine. J’ignorais, avant de lire ce roman, qu’une femme sans expérience était inexpérimentée, mais qu’un homme sans expérience était expérimenté (juré, il y a une phrase qui le dit vers le milieu du livre). On peut dire que j’ai beaucoup appris…
Le manichéisme dans toute la splendeur
Au niveau de l’histoire, c’est une opposition classique entre le bien et le mal.
Le personnage de Wyl est profondément bon (en dehors de sa misogynie), le rendant inintéressant. Il n’y a pas d’élément croustillant à découvrir sur lui, il n’a pas besoin d’évoluer et n’évoluera pas, il subit et tente de survivre et de sauver celles qu’il aime (les autres il s’en fout), c’est tout.
À l’opposé, il y a Celimus, son ennemi de toujours, le prince héritier, qui lui est profondément méchant. Alors oui, il y a l’explication de son enfance, mais ça ne fait pas tout. Il est juste méchant.
C’est un roman très manichéen, sans nuance.
Une histoire problématique et un univers pauvre
L’enfance de Celimus d’ailleurs, parlons-en. Il y a pour moi un gros problème avec le roi. Il est vénéré, considéré comme un roi très bon, mais aussi… un bon père… la blague !
Sur le moment, on comprend parfaitement Celimus, plus que Wyl en tout cas. Il a une enfance très triste. On dit que le père est présent, mais, quand on va dans les souvenirs des deux, au début du roman, on voit vite que le roi ignore son fils et le considère comme une merde ou presque, à l’image diabolique qu’il a mise sur sa mère. Mais Wyl, lui, est considéré comme un fils par le roi, le gamin a toutes les attentions que Celimus n’a jamais eues. Autant dire que la jalousie première est totalement compréhensible.
J’ai eu beaucoup de mal avec le fait que le roi était considéré comme un bon père alors qu’il n’a jamais rien fait pour ou avec son fils (quand ils étaient ensemble, le roi l’ignorait).
L’univers est également très pauvre. Il n’y a pas grand-chose à en dire. Wyl explore des paysages qui n’ont rien d’extraordinaire, c’est juste une image que l’on peut avoir du Moyen Âge, sans pour autant apporter quoi que ce soit de nouveau.
Un point positif
Bon, il faut quand même un point positif, alors venons-en. Il n’y en a qu’un seul pour moi : le don.
Il a été oublié un très long moment, j’ai cru qu’il n’allait jamais arriver. Et finalement, vers le milieu du roman, enfin, le voilà. Et ce fut une bonne surprise. J’ai ri en voyant ce qui arrivait à Wyl, c’est entre une malédiction et un don.
C’est intéressant, car cela peut amener à beaucoup de développements différents, cela pourrait faire évoluer le personnage (spoiler : non !). Le don aurait pu aboutir à un questionnement de la personnalité, mais, encore une fois, l’autrice n’a pas développé, et je doute que ça le soit davantage dans les tomes suivants.
Conclusion
C’est dommage : une fois que l’on connaît le don, le dénouement de la trilogie est prévisible. D’ailleurs, je n’en reviens pas de la fin de ce premier tome, je me sens bernée : cela aurait pu se terminer, je n’ai pas l’impression que les tomes suivants pourront apporter quoi que ce soit de nouveau vu le manque d’évolution du personnage sur ces 666 premières pages.
Mais le sexisme, le manichéisme, le manque de développement auront eu raison de moi. Je ne continuerai pas cette trilogie, j’ai eu beaucoup de mal à terminer ce premier tome. Je n’avais jamais lu de livre aussi sexiste, même dans la vieille fantasy masculine.
Recommandations
Bon, on s’en doute, je ne vais parler que de livres féministes :
Celle qui devint le soleil de Shelley Parker-Chan : une fantasy historique, en Chine, où l’on suit aussi un personnage avec un don. Un roman qui met en scène une femme et questionne sur l’identité.
Mon mari de Maud Ventura : c’est un livre contemporain, mais qui renvoie totalement à l’image patriarcale qu’il y a dans Le Dernier Souffle. Dans Mon mari, l’autrice fait une satire du patriarcat, accentuant volontairement les traits, poussant le vice avec une narratrice folle dingue. C’est une tranche de rigolade, mais aussi un début de réflexion intéressant pour sortir de l’image de la famille parfaite donnée par le patriarcat.
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