Contes, Déception, Roman, Young Adult

La Malédiction de Highmoor

Au manoir de Highmoor, isolé au milieu d’un vaste océan, le Duc Thaumas, a déjà perdu quatre de ses filles dans de dramatiques circonstances : noyade, chute, maladie… L’une d’elles, Annaleigh, refuse de croire à la folle rumeur selon laquelle elles seraient toutes maudites. En se rendant sur le lieu du tragique accident de sa sœur Eulalie, Annaleigh découvre un passage caché dans la falaise. Une porte mystérieuse ouvre sur un royaume qui fait oublier tous leurs soucis aux jeunes duchesses.

Noyées dans la joie et les fêtes, elles dansent chaque soir jusqu’à l’aube, épuisées, enivrées, envoutées… Seule Annaleigh réussit à s’arracher à ces bals hypnotiques, déterminée à comprendre la puissante malédiction de Highmoor, au risque comme ses sœurs d’y perdre la vie…

Quand j’ai vu ce roman dans la liste des livres pour Dspoils, je me suis dit que je ne pouvais qu’adorer. Le résumé, le pitch de base, l’ambiance, le conte, tout me tentait. D’autant plus que je ne connais pas énormément le conte, donc c’était l’occasion de mieux le découvrir avec cet univers glauque plein de morts.

Quelle déception ! Quel désespoir !

Il y avait quelques qualités, j’ai notamment adoré l’écriture. Il y avait un excellent balancement entre l’action et les descriptions et entre les dialogues et le récit. Le style est dynamique, agréable à lire, c’est facile de s’imaginer les lieux et les scènes. Le style aide aussi à entrer dans l’ambiance glauque, sombre. C’est le gros point positif du roman. Et le seul…

Le reste, ce n’est que tristesse, que déception, que défauts.

Tout d’abord, les personnages : ils sont d’un creux. Les filles ne pensent qu’à la danse, elles n’ont pas d’autres traits de personnalité. Le père, rien à dire, juste qu’il est là. La belle-mère est plus développée d’une certaine façon, dans le côté superficiel et taré (l’annonce de grossesse le jour d’un enterrement… l’art de choisir son moment, le roman commençait bien). Les garçons ne sont caractérisés que par leur beauté et leur aptitude à protéger. Et même la personnage principale est plate, elle aime le phare, elle aime ses sœurs, et les beaux garçons… C’est tout, je n’ai rien d’autre pour la caractériser…

Cela donne déjà le ton de l’histoire, entre les filles superficielles et les beaux garçons. Le livre commençait bien pourtant avec l’enterrement et Annaleigh qui soupçonne un meurtre et souhaite enquêter. Une enquête, c’était une idée géniale pour appréhender la malédiction et mettre en avant la rationalité dans un monde de fantasy, avec une autre logique que celle de notre monde. J’étais très emballée par ce début, puis le creux des personnages a rattrapé l’histoire, et l’enquête a été oubliée. Je crois même que l’autrice a oublié la base de l’histoire en écrivant, ce n’est pas possible sinon ; enquête puis préparation de bal, mais toujours enquête, puis le beau garçon arrive et adieu l’enquête, puis les bals, le garçon, les bals, les bals, le garçon, et puis, à oui c’est vrai, il y a des sœurs qui sont mortes avant le début de l’histoire, il faut enquêter. Mais le beau garçon quoi ! et les bals… ! C’était bien parti… c’est tout ce que je peux dire. L’histoire est ensuite devenue aussi superficielle que les personnages.

Bon, je suppose que vous l’avez compris avec le beau garçon, il y a une romance, et malheureusement elle ne vole pas très haut. Je ne me suis déjà pas attachée aux personnages, ça partait mal pour apprécier leur romance, mais surtout je n’en avais rien à faire. J’étais là pour du glauque, une ambiance gothique, des bals, des morts et une enquête, et je me suis retrouvée avec une romance superficielle, inutile qui prenait toute la place.

En plus de ça, il y a ce qui est le plus gros problème du livre : le sexisme. J’ai halluciné quand j’ai vu la date de sortie : c’est une sortie récente, 2019 en Amérique et 2021 en France. Autant il aurait été publié au début du siècle, j’aurais compris, autant aujourd’hui je ne peux pas comprendre qu’on puisse publier quelque chose d’aussi sexiste. Surtout que le Young Adult est rangé vers le jeunesse… Déjà, tout était superficiel, la meuf tombe amoureuse parce que le gars est beau et à partir de son arrivée il n’y a plus rien d’autre que lui et son amour.

L’autrice essaye de faire croire qu’elle est féministe avec un univers où l’héritier est l’aîné, peu importe le sexe, donc une femme héritera même si un petit frère arrive. C’est plutôt cool, mais c’est qu’il faudrait que le reste de l’histoire suive. Les filles ne sont intéressées que par les vêtements, les chaussures et les bals, et aussi les beaux garçons, mais il n’y en a pas énormément pour elles. L’aîné aurait pu donner un peu de sens à cet héritage, mais les bals passent avant le travail. Cela n’aide pas à faire passer un message féministe que d’avoir des personnages superficiels.

Le pire du pire fut une scène de shopping. Les filles vont acheter deux-trois trucs en ville, elles ne peuvent bien sûr pas y aller seules, vous comprenez, il faut un garçon pour s’occuper d’elle. Le garçon va donc les emmener, les protéger, et les empêcher d’acheter plus que le nécessaire, sinon vous comprenez bien qu’elles achèteraient tout le magasin… Un livre pareil donne l’impression que les femmes en général ne sont pas capables de gérer leur argent, elles ne vivent que pour les vêtements, c’est évident. Merci pour cette image ! Le gars s’occupe même de gérer l’argent des filles ! L’héritière, majeure, se voit confier son argent à un garçon qui n’est même pas de sa famille. J’ai halluciné, c’est déprimant de voir ça, j’ai vu des livres historiques plus féministes. Même des livres qui se déroulent dans un univers sexiste peuvent être féministe, pourquoi ce roman fait l’inverse ?! Ça n’a aucun sens.

Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, j’ai l’impression d’avoir survolé les problèmes. Nous aurons le temps d’approfondir tout ça avec les filles de la team Dspoils ce soir à vingt et une heure en live sur la chaîne de Daily Debby, je ne peux que vous encourager à venir, on rigole bien.

1 réflexion au sujet de “La Malédiction de Highmoor”

Laisser un commentaire