Fantasy, Roman

The Bone Season, Saison d’os

2059. Paige travaille pour une organisation criminelle souterraine dans les rues de Scion-Londres, où elle récolte des informations en pénétrant dans l’esprit des gens. Car Paige est une marcherêve, une clairvoyante, et selon les règles de Scion, son existence même est déjà une trahison.

Poursuivie puis arrêtée, elle est déportée vers une colonie pénitentiaire sur l’ancien territoire d’Oxford secrètement occupé par les Réphaïm, une race venue d’un autre monde qui récolte et utilise les clairvoyants à ses propres fins.

Paige se retrouve assignée au mystérieux gouverneur Arcturus. Celui-ci devient son maître. Son formateur. Son ennemi naturel. À ses côtés, elle va devoir apprendre à développer son pouvoir pour servir ses ravisseurs, mais surtout pour s’échapper de ce sinistre endroit où elle semble promise à une mort certaine…

Ce roman me tentait beaucoup depuis que j’ai découvert Le Prieuré de l’oranger de la même autrice. J’avais adoré son univers et j’avais hâte d’en découvrir plus.

Un univers fourni

Je n’ai pas été déçue avec ce premier tome de saga. J’ai tout de suite accroché à l’univers fourni de l’auteur, qui change beaucoup du Prieuré.

Cette fois, nous sommes dans une fantasy urbaine, plongés dans un Londres futuriste et dystopique. C’est presque une uchronie, un élément ayant changé dans le passé, ce qui a abouti à ce futur à la fois proche du nôtre et très éloigné. Je dis presque parce que l’élément changé et l’ajout de fantasy, avec une race secrète, les Réphaïm, et des humains aux pouvoirs étranges. Cela m’a rappelé un peu les X-Men, avec encore plus de discrimination.

Mais un peu confus

L’autrice a créé un univers très complet, avec beaucoup de pouvoirs et de noms différents, avec un système gouvernemental terrifiant et une nouvelle race. J’en étais même perdu au début. J’ai d’ailleurs lu ce roman en lecture commune lors d’un challenge littéraire et nous étions toutes perdues au milieu de tous ces noms.

Dommage que le glossaire ne puisse pas nous aider ; c’est une super idée de mettre un glossaire à la fin, mais s’il est incomplet, il ne sert plus à rien. Par exemple, je cherchais à quoi correspondait un nom de médium, parce que je n’avais pas bien compris son pouvoir, et la seule entrée correspondante dans le glossaire était le diminutif du nom des médiums, avec pour définition « diminutif de ce groupe de médium ». Pas très utile…

C’était confus, et c’est resté confus longtemps. En lisant ce roman, il faut accepter de ne pas tout comprendre.

Une narration en « je »

L’autrice a réussi l’exploit de me faire apprécier une narration à la première personne. Ce n’est pas la première fois que je le dis, mais j’ai du mal avec la narration en « je » ; souvent l’auteur ne va pas suffisamment loin dans la description pour me faire comprendre ce que ressent le personnage et ce qu’il voit, le style est pauvre et pas très beau à lire.

Ici, c’est passé tout seul, j’ai même beaucoup apprécié le défi que l’autrice s’est lancé de ne garder que le point de vue de Paige dans un univers aussi complet, avec autant de personnages. Samantha Shannon ne raconte que par les yeux et le ressenti de Paige, et pourtant les autres personnages ont une vie et vont agir de leur côté, quitte à ce que l’on ne l’apprenne que plus tard. L’histoire ne change pas seulement grâce à Paige.

Une intrigue autour du contemplatif

L’histoire tourne beaucoup autour de Paige. Ou plus exactement, l’histoire est la découverte du monde. C’est un roman très contemplatif, pour apprendre à connaître le monde de Paige et comment survivre au milieu de toute cette discrimination. En y repensant, l’intrigue est presque inexistante, c’est l’histoire d’une jeune femme qui se fait enlever et va en apprendre plus sur un monde caché.

Nous avons ainsi la découverte de ce monde, avec les Réphaïm et les médiums, mais aussi la découverte du passé de Paige, qui n’est pas de tout repos. J’ai beaucoup aimé l’alternance entre les chapitres, certains reprenant le passé tout en l’incluant dans le présent, grâce aux rêves de Paige. Ces rêves ont toute leur importance et n’arrivent pas par hasard, c’est toute la force du récit. Il suffit que quelque chose rappelle à Paige son passé pour que le rêve arrive, il y a toujours une explication.

J’ai adoré voir que le hasard était pensé par l’autrice pour ne pas faire un hasard forcé pour faire avancer l’histoire. Cela aboutit à une intrigue cohérente et passionnante.

Des discriminations en série

Le monde tourne autour de la discrimination, que ce soit avant l’enlèvement de Paige ou après.

Dans le monde où elle est libre, en tant que médium, elle est constamment en danger, le monde est fait pour les gens qui n’ont pas de pouvoir et tout est fait pour le lui rappeler. La discrimination passe par les arrestations, par le manque d’accès au monde du travail, par le regard des autres.

Déjà que Paige est regardée de travers parce qu’elle est Irlandaise à Londres, si en plus les gens apprenaient qu’elle a des pouvoirs…

Et une fois qu’elle se fait capturer par l’autorité en place, elle découvre l’esclavage. Dans le monde caché, ce sont ceux qui n’ont aucun pouvoir qui sont au bas de l’échelle, mais Paige n’est pas pour autant libre, elle reste une esclave, même si elle n’est pas aussi maltraitée que ceux sans pouvoir.

Le livre met ainsi en place une discrimination, puis l’inverse, d’une certaine manière. C’est fascinant, et terrifiant ; les gens peuvent s’habituer très vite à des conditions de vie inacceptable.

Une bonne lecture dans l’ensemble

Bon, en revanche, il y avait un trope que j’ai vu venir gros comme une maison et qui m’a fait lever les yeux au ciel. J’étais un peu triste que cela arrive… Ne reste plus qu’à voir comment cela évoluera dans les tomes suivants.

Je ne peux que vous conseiller le roman si vous aimez la fantasy avec un univers fourni et passionnant, une héroïne forte et une narration jolie à lire.

Recommandations

Les Puissants de Vic James : une autre dystopie fantasy qui se place dans une Angleterre contemporaine, mais différente, avec l’esclavage comme point central.

Les Filles de la chance de Charlotte Nicole Davis : encore une histoire autour des discriminations, mais cette fois on suit un groupe, avec des filles qui vont s’entraider et courir vers la liberté.

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